71.
Me voici de retour. Une succession de très brefs moments d’euphorie et de longs apitoiements. Je pensais être bien plus solide face à la solitude. Mais elle est poisseuse et suffocante. Elle est mélancolique. Elle rend libre et emprisonne tout à la fois.
Je dois me forcer pour ne pas regarder autour de moi, pour ne pas échafauder sans cesse des comparaisons et me dire « et si ». Et si rien du tout. Chacun sa voie, à nulle autre pareille, en dépit des apparences.
La tristesse se meut parfois en colère sombre. En aigreur aussi. C’est laid et je m’efforce de ne pas y succomber, mais je n’y arrive pas toujours.
Je suis égoïste : ce n’est désormais pas elle qui me manque (j’ai tiré sur elle un trait à l’encre indélébile), mais la présence d’une âme qu’on dit sœur avec laquelle partager une vie.
Mais je fuis ce que j’ai et je cours après ce que je n’ai pas. Puis je m’en saisis et je n’en veux plus. Je suis constamment insatisfait et cela me désole.
Et je ne sais pas m’émerveiller et cela m’effraie. Je ne vois que des ombres.
Sombre tableau en apparence, mais comme je l’ai maintes fois écrit ici, tout est tellement mouvant. Beaucoup trop d’ailleurs.