Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Journal d'une chute (et d'une rémission)
31 août 2008

73.

1. Elle est venue récupérer le reste de ses affaires. En fait, récupérer n’est pas le mot. Jeter est plus exact. Elle a littéralement jeté les 90 % de ses affaires, ses souvenirs, ses objets, ses peluches (et oui), ses photos, les cartes d’anniversaire, de Saint-Valentin etc…

Tout y est passé.

Comme un abruti, je l’ai aidé à descendre tout cela à la poubelle. Une dizaine d’énormes sacs remplis de sa/notre vie.

Je ne suis pas un matérialiste excessif, mais je suis très attaché aux objets. Voir jeter tout cela a été particulièrement dur pour moi. Les faire-part, le « livre d’or » du mariage, sa robe de mariée. Des tas d'objets de toutes sortes que je lui avais offerts. Tout. D’un autre côté, qu’en aurais-je fait. Allais-je dresser un mémorial à notre passé.


2. Pour autant, je n’arrive pas à concevoir qu’on puisse aussi méthodiquement détruire ses souvenirs. Cela me dépasse, c’est inimaginable. Jeter aux ordures toutes ses affaires, ses photographies, ses CD. C’est dingue. Je ne trouve pas les mots.

Je ne veux pas employer des mots indécents. Mais ça a été atroce d’une certaine manière. Vraiment. Je sais que « du passé faisons table rase », mais là j’ai beaucoup de mal.

Je me suis relativement maîtrisé en sa présence. J’ai été très distant, mais j’ai ravalé mes reproches. Quel intérêt désormais. Tout cela est fini. Le passé ne changera pas. Quoique nous disions, cela ne modifiera en rien ce à quoi nous avons abouti.

Elle a jeté un dernier regard à l’appartement pour voir si elle n’avait rien oublié. Ce sera la dernière fois.

Je suis remonté chez moi. Et j’ai pleuré. Beaucoup. Par stades successifs. Ca fait physiquement mal.


3. Je n’ai pas posté ce message tout de suite. Je n’ai d’abord pas souhaité le publier, parce que c’est considérablement impudique. Je l’ai finalement fait, parce que c’est une espèce de journal que je tiens, et que ce jour y tient une place importante. Il doit donc s’inscrire ici.


4. En fin d’après midi, j’ai regardé par la fenêtre par hasard. Des passants, des clochards, ont éventré tous les sacs poubelles déposés dans la rue. Tous nos souvenirs sont exposés aux quatre vents. Je vois un tableau que je lui avais fait par terre. Ils fouillent nos albums photo. Des faire-part s’envolent. Ici la peluche que je lui avais offert à l’hôpital lorsqu’elle avait eu un accident.

Je suis en larmes. Je n’en peux plus. J’ai la gorge complètement nouée.


5. Je crois que ce sera l’ultime blessure qu’elle m’aura porté. Elle a perdu la partie, parce qu’elle ne pensait probablement pas que je prendrai cette décision, parce que je l’ai en quelque sorte mise dehors.

Sa dernière vengeance - peut être inconsciente - a été cette mise au rebut à laquelle j’ai assisté et de surcroît, comme un imbécile, participé.

Tout cela est déchirant. Vraiment. J’essaie de ne pas y penser, mais j’ai l’impression d’être retombé dans les affres du début.

Je suis en miettes.

Publicité
Publicité
Commentaires
A
Uh uh.<br /> <br /> Non, c'est moi qui suis bien jeune. =]
C
le double de ton âge ! tu n'y vas pas de main morte, April ! alala, c'est que je me fais vieux...<br /> :)
G
oOOOOooooh la méchante!<br /> Hinhin Charlie on se fait vieux hein?<br /> Allez console toi, tu as gardé ton âme d'enfant, sûrement quelquepart.<br /> (Mais quelle teigne je suis, pardon April... C'est vrai que tu écris très bien!)
A
Vous avez peut-être le double de mon âge... Il me gênerait, ce vouvoiement... <br /> <br /> Donc non, s'il vous plaît. :)
C
oui, je le ressens véritablement, vraiment. c'est quelque chose d'important et je vous remercie tous (toutes en fait) pour cela.
Journal d'une chute (et d'une rémission)
Publicité
Archives
Publicité