29.
Je vis dans un parc d’attractions. Dans des montagnes russes. Mon (res)sentiment change littéralement vingt fois par jour.
J’ai bien fait. Très bien fait.
J’ai mal fait. J’aurais pu poursuivre.
J’ai bien fait. Je peux vivre comme ça et tout reconstruire ailleurs. Je peux surmonter.
J’ai bien fait. Mais la vie fait tellement mal. Je ne peux pas le supporter.
Je suis coupable. Je suis responsable.
Je n’y suis pour rien. Ce n’est que le révélateur de quelque chose qui serait survenu. Ca n’aurait auguré rien de bon.
Je suis content d’avoir été vigilant et de m’en être rendu compte.
Je m’en veux d’avoir su. On vit parfois mieux dans l’ignorance.
Je reprends une image déjà utilisée dans un message précédent. Nous avions construit une maison. Elle est détruite, dévastée. Tempête, tremblement de terre.
Je n’ai pas la force d’imaginer en reconstruire une autre. Avec tout ce que cela implique. Je préfère ne pas y penser.
Passer d’un « statut » à l’autre. Avant-hier, marié, des projets. Une vie. Des enfants à venir.
Hier, marié mais le cœur serré, parce que les choses se passent mal, parce qu’il est indéniable que quelque chose ne tourne plus rond, parce qu’une crise est en cours. Je n’imaginais pas réellement l’ampleur de cette crise.
Aujourd’hui, séparé. Bientôt divorcé.
Je ne m’attendais tellement pas à ça. Pas ça, pas à moi.
C’est stupide : on pense toujours que notre vie sera différente.
Hier soir, je me suis trouvé très mal. Une douleur (presque) physique. Ecrasé par le poids de... De quoi d’ailleurs. Des larmes. Des soubresauts dans la gorge.
J’en ai assez d’y penser. Elle ne le mérite pas. N'en vaut pas la peine.
Mais en pratique, comment effacer des années de vie. Un mariage, tellement récent, tellement lointain.
Gâchis. Perte. Bouleversement. Chaos.
Tant d’images et de mots me passent par la tête. La solution est peut être à ce stade dans l’abstraction pure.