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Journal d'une chute (et d'une rémission)
27 juin 2008

38.

J’ai contacté une avocate que je connais pour gérer le divorce. Elle était à mon mariage, il y a moins d’un an. Elle apprend la situation avec tristesse.

La contacter a matérialisé, externalisé et officialisé en quelque sorte la séparation.

Démarches administratives. Juridiques. Qui garde quoi. Comment. Pourquoi. On entre dans le concret. C’est peut être brutal. Mais nécessaire. Il ne sert à rien de laisser les choses traîner. De donner des faux espoirs.

J’ai réfléchi. Beaucoup. Peut être trop. Il ne se passe pas cinq minutes sans que j’y pense. Je ne dis pas ça au sens figuré. Ce n’est pas une image.

C’est une vérité tangible : j’y pense tout le temps.

Et des phrases reviennent littéralement en boucle dans ma tête : « Comment c’est possible ».
« Comment elle a pu faire ça ».

Je l’ai écrit et répété maintes fois : c’est un monde qui s’écroule.

Et le bruit de cette destruction se fait toujours entendre. Pire, il occulte tous les autres bruits, les autres paroles. Il rend sourd et aveugle. Tétanisé.

Y a-t-il des moments plus difficiles que d’autres. Je ne sais pas vraiment. Les journées de travail sont abrutissantes.

Parce que je n’arrive pas à ne pas penser à tout cela. Je ne peux pas m’en extraire. J’attends le soir pour rentrer chez moi et me retrouver, seul et au calme.

Mais je rentre chez moi comme dans une maison morte. Chaque endroit porte la marque de notre vie commune. Chaque espace est une absence.

Le lit est grand. C’est bête, mais j’essaie de bien m’étaler sur toute la largeur lorsque je dors. Je ne veux pas faire comme si elle était là. Je n’entretiens pas un mythe et je n’idéalise pas une vie passée.

Je me réveille souvent la nuit. Après un rêve ou un cauchemar. Ou sans raison particulière. Parfois je me rendors immédiatement. Et d’autres fois, je reste longtemps les yeux ouverts dans le noir et je pense à tout ça. Au gâchis. A une vie qui n’existe plus. A celle qui n’existera pas.

Mais je regrette de moins en moins. Je sais que ma décision est légitime. Je n’essaie pas de me justifier. Je suis simplement obligé de penser. Je ne contrôle pas mes pensées. Ou si peu.

Je suis hors du monde. Je ne sors pas. Je ne m'informe pas, même sur Internet. Je ne regarde pas la télé. Je regarde beaucoup de films en DVD, mais je me déconcentre très vite. J’essaie de lire (cinq livres en même temps), mais sans beaucoup de succès.

Je me demande aussi qui gardera nos milliers de photos. Notre album de mariage. Nos souvenirs communs.

J’avais la prétention de penser que ce genre de choses n’arrive qu’aux autres. Je suis un autre alors.

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Commentaires
A
Il est normal de penser que le pire ne peut pas nous arriuver, pas à nous, non, parce qu'on est différent.<br /> Mais être différent, c'est aussi êre "un autre".<br /> <br /> Ces phrases qui tournent et se retournent dans votre tête à longueur de journée s'effaceront sûrement avec le temps. Il en restera sûrement des traces, mais n'y pensez pas tout de suite.<br /> <br /> Et oui, une rupture, c'est toujours assez brutal. Mais faire traîner les choses les rend d'autant plus pénibles, infantiles, et au final plus douloureuses.<br /> Les blessures supportées semblent déjà suffisemment lourdes.<br /> <br /> Bon courage. Dormez au mieux.
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